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Caroline, petite cousine
J'avais décidé de bousculer l'ordre des choses établies, surtout lorsque je constate que ces « ruades » dérangent le monde tranquille.....en façade seulement.
Catinou a fait les frais de ma curiosité et comme vous le constaterez bien m'en a pris.
De nature discrète en apparence elle sait tenir sa place et occuper le rang que lui offre sa position d’aînée au sein de sa famille.
Jeune femme moderne elle a quelque peu bousculé les traditions et envoyé délicatement aux orties les oukases de son patriarche de père.
Le prince consort régnant en maître absolu est toujours resté très disert sur ses origines, l'omerta est de mise et rien ne sert à savoir....qu'on se le dise !
Cette chape de plomb n'est pas foncièrement volontaire et la critiquer serait bien mal venu de ma part. Pour fournir un renseignement....encore faudrait-il en connaître les tenants et les aboutissements !
Donc mon beau père ne sait pas grand chose concernant l'origine de sa famille et puis comme il l'a déclaré à l’enquêteur que je voulais être « pourquoi faire, cela ne te mènerait à rien.....et puis qui cela pourrait-il intéresser »....Circulez..y' a rien à voir !
" Les souvenirs que j'ai de la diaspora familiale se résument à des bribes de conversations échappées de la bouche de ma grande tante Mimi. Il n'y eut aucune transmission écrite et seules les paroles des Anciens tinrent lieu de témoignages. »
C'est en ces termes que ma belle Gitane a répondu à ma demande, pensant que cette réponse calmerait ma curiosité qui fut en vérité, un peu plus excitée.
Je cite les paroles de Catinou :
….. « Venus par delà des Pyrénées les premiers de mes ancêtres foulèrent le sol de FRANCE et furent appelés "Montagne" par les gabelous. (nom attribué aux douaniers frontaliers)
Les soldats qui gardaient la frontière de la Catalogne et de la France, en exerçant leurs contrôles, offrirent un nom de famille à ses nouveaux venus.
Ces "étrangers au teint basané et aux allures de sarrasins" qui s'exprimaient dans un charabia émaillé de mots arabo-andalou montrant la chaîne des Pyrénées maintenant derrière eux, seraient désormais surnommés "Montagne".
Plus tard, une scission intervenue au sein de la très nombreuse famille jeta sur les routes les membres de cette très nombreuses famille. Je crois savoir qu'il y avait 10 garçons donc dix chefs de famille en devenir.Combien survécurent à la dure loi de la route entre épidémies, maladies, faim, guerres, règlement de compte et racisme, je ne saurais le dire.
Cette séparation engendra une nouvelle épopée de la famille.
A l'heure actuelle Novembre 2014 et par un concours de circonstances j'ai pu remonter avec certitude jusqu’à une époque antérieure à 1750.
J'ai retrouvé trace d'un ancêtre qui résidait dans la région toulousaine »
En poursuivant mes recherches j'ai fait une découverte incroyable, l'existence d'une petite cousine à CATINOU.
Il y a 2 ans j'ai crée un blog pour m'aider dans les recherches es origines de sa famille.
Après plus d'une année d'existence et d'un accord commun, nous décidions de clore ce chapitre.
A la veille de fermer le blog, nous avons reçu un demande surprenante et poignante.
'' s'il vous plaît ne clôturez pas votre compte, je crois être une cousine très éloignée, j'aimerais tant vous connaître ».
Étonnement, méfiance et prudence.
Quelques échanges de mails plus tard, dans lesquels de nombreux renseignements furent posés, les réponses satisfaisantes, nous ont convaincus.
Des noms, des dates furent avancés, des photos envoyées et le sérieux de notre « demanderesse » ne fit plus aucun doute....Elle était bien une petite cousine éloignée, à la recherche de ses origines.
Tout dans son comportement, ses goûts musicaux, trahissaient des origines Gitanes.Ses deux enfants se tournaient sans trop savoir pourquoi vers la musique et la danse gitanes et tziganes.
A la lecture des renseignements fournis il apparaissait que sa grand-mère était la sœur du grand père paternel de Catinou.
Par le fait son père devenait le neveu de son grand père et le cousin du père de mon épouse.
Le « hic » résidait dans le fait que Caroline était une enfant caché fruit des amours de son père et d'une femme n'ayant aucun liens avec le monde des Gitans.
Une chape de plomb était tombée sur la famille depuis très longtemps et cette diablesse de Caroline turlupinait son entourage, son instinct de femme lui disait « cherches et tu trouveras, demande et on te donnera, frappe à la bonne porte et on t'ouvrira ».
Comme quoi... ça marche.
Rendez vous fut pris pour une première encontre en la cité des Papes en Avignon., à cette époque nous résidions dans le même périmètre.
j'assistais très ému à cette rencontre.
Oh temps suspend ton vol...
Si cette scène ne revêtait pas au tant d'importance je la comparerai à un film de Lelouche.
Au ralenti, deux " presque inconnues " se font face sur la place de l' horloge...comme si le temps avait de l'importance, elles sont au milieu d'une foule de gens qui déambulent d' une démarche d'automate.
Machinalement ils viennent d'ailleurs et se rendent plus loin.....
Complètement étrangères à ce brouhaha, elles sont là, se dévisageant de loin...
Pourtant j'ai cru apercevoir comme des filaments de décharges électriques en prolongement de leurs mains... cette énergie invisible les unit...leurs auras sont au diapason ...
Elles se dirigent maintenant l'une vers l'autre...la rencontre tant attendue va avoir lieu...
Elles se connaissent déjà sans jamais s'être rencontrées...elles sont unies par les liens du sang...la genèse de leur histoire remonte à une époque où les roulottes étaient tirées par des chevaux...
La magie opère...pas de mots... dans leurs regards l'intensité est telle qu'un halo de lumière les isole du reste de la foule...
Caroline... ? Catherine.. ?
« Enfin je recommence à naître.. et moi je redonne la vie à un membre de ma famille ».
Ce furent leurs premiers mots pour illustrer la magie de cet instant.
Il n' y a rien à ajouter..le reste de la journée ne nous appartient pas..pas d'effusions déplacées, pas de cinéma, leur pudeur prouve leur grandeur d’âme. Et la justesse de leurs sentiments a été le moteur de cette rencontre inoubliable.
j'ai été le témoin privilégié d'une rencontre d'un autre monde. Une vie nouvelle attend l'une d'elle..quant à l'autre...quel bonheur de pouvoir transmettre le savoir...
Il y a tout juste une année et en ce jour, Caroline, fidèle à ses promesse retrouve Catinou fidèle aux liens sacrés de son sang Gitan.
Depuis....le Mistral a soufflé emportant plus vit et plus loin l'eau qui coule sous le pont d'Avignon...la vie de Caroline a changé, les fondations de sa vie antérieur n'ont pas résisté à son impétuosité...rien n'aurait pu contenir cette lame de fond.
Sa nouvelle existence na pas supporté les traces de sa vie passée. Elle s'est reconstruite, son bUt a été atteint et maintenant c'est seule qu'elle parcours son chemin.
Tags : famille, pere, caroline, cousin, origine
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Commentaires
Les liens du sang, on y attache tous plus ou moins d'importance, moi comme je crois te l'avoir déjà dit mes vraies attaches se résument à mes parents mes frères et leur famille mon mari, mes enfants leurs conjoints et petits enfants, après je n'ai jamais cultivé l'envie de m'étendre plus et pourtant, il y a une très grande famille du côté paternel .......................
Cependant je ne peux pas nier que les gènes se transmettent bel et bien et quand je lis ton récit je trouve très intéressant de voir le ressenti de Caroline................c'est beau et émouvant la rencontre de ces deux femmes, du coup je me questionne et me dis que je passe peut être à côté de quelque chose............
Une fois de plus ton récit m'intéresse vraiment, ............. je l'ai lu ce matin et je ne le commente que maintenant, j'y ai pas mal réfléchi depuis et je sais que je vais y penser encore
Bonne journée Loup et à très bientôt ...... Bises à vous deux
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Merci pour ce délicieux épisode dans la vie de Loup et Catinou.