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    Pour moi, écrire c’est de l’artisanat.

     

    Il me plairait que vous me considériez comme étant un chef cuisinier, un maçon, un menuisier, un tailleur d’arbres ou un homme de mains.

     

    Je ne suis pas un artiste, l’art pour moi c’est la peinture, la sculpture, la musique.

     

    Mais il m’arrive parfois de faire appel à cette dernière. Elle est considérée aujourd’hui comme une forme de poésie moderne, une sorte d’expression de communication. Selon Claude DEBUSSY, « la musique commence là où la parole est impuissante à s’exprimer ».

     

    Alors je compose et mes mots courent sur ma partition et s’envolent sur la portée comme des notes.

     

    Je ne suis pas non plus un intellectuel et j’en ravis plus d’un lorsque je reconnais un manque cruel d’instruction… les représentants de Jules FERRY sont restés à ma porte.

    ils confondaient apprentissage, théorie ..et la réalité de la rue…alors je me suis inscrit à l’école de la vie.

     

    Revendiquer mon appartenance au club des sérendipités ou découvertes inattendues est un honneur,

    Je suis une erreur littéraire.

     

    Mon premier ouvrage d’art… culinaire, a été édité par un Gaulois Nomade. Flore, l’éditrice me présente comme étant un O.L.N.I ….. un Objet Littéraire Non Identifié.

     

    Depuis, c’est elle qui a disparu… certains disent qu’elle aurait été enlevée par des extraterrestres… Pour d’autres, il semblerait qu’elle exploitait un célèbre café à Paris (celui de Flore) avant d’empocher les 2 Magots (jeu de mots laids pour gens bêtes).

    L’appellation de témoin me va comme un gant, non pas que je manque d’imagination, mais c’est dans la vie quotidienne que je trouve les acteurs de mes écrits et j’en rapporte les exploits.

     

    Mes témoignages sont parfois excessifs et le ton pour vous les conter, virulent.

    C’est dans le quotidien que je trouve la richesse de ces témoignages, la banalité ne fait pas partie de mon choix de vie et je ne remercierai jamais assez ces acteurs de m’avoir permis d’être ce que je suis….

    Ce sont eux les véritables héros, ils sont des gens ordinaires qui ont une vie ou vécu un instant extraordinaire.

     

    J’écris pour que les rencontres fortuites qui me mèneront à vous, restent gravées dans votre esprit ; Elles vous feront découvrir le chemin qui mène à des mondes nouveaux, présents sous vos yeux et que vous ne voyez pas.

     

    J’ai comme comparaison le symbole d’une chute d’eau pour mes écrits alors qu’un roman me ferait penser à un cours d’eau et à ses méandres, la lenteur d’un fleuve est un luxe que je ne puis vous offrir.

     

    Je cite avec délectation un aphorisme de Jean-Anselme BRILLAT-SAVARIN et apparente les joies de la gastronomie à ceux de la littérature  :

     

    « Convier quelqu’un, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous votre toit ».

     

    Ce livre ouvert sous vos yeux, vous le parcourez comme si c’était un menu gastronomique.

     

    Rien ne doit faire défaut à votre appétit. De la suggestion, dès l’entrée, du reste du menu, des principaux ingrédients qui composent le plat de résistance, tout est là pour combler et flatter votre appétit.

     

    Cette découverte doit vous captiver et la poursuite de la carte ne doit pas vous laisser sur votre faim… Souvenez-vous que la table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure… il doit en être de même pour ce récit.

     

    Pour beaucoup de gens, écrire juste après le p’tit dej. est le moment le plus favorable, il arrive toujours au bon moment avec le pain et les croissants, l’ami Ricoré… ils se sentent frais, débarrassés des angoisses de la nuit, frais et dispos… et surtout libres de ’’dépenser’’ leur capital écriture pour le reste de la journée.

     

    Pour ma part, le moment propice à cet exercice se trouve lové entre les premières lueurs d’un jour naissant et l’inventaire du butin amassé lors de mes folles courses aux confins des mondes de la nuit.

     

    Je vous les répertorie avec une austérité extrême, sans fioritures.

     

    Penser qu’écrire quotidiennement est un travail… non je ne peux pas, c’est une distraction mais il faut la prendre au sérieux.

     

    Cependant, bien qu’étant jeune observateur des réseaux tentaculaires de ’’ l’Inter pas toujours très net’’ force est de constater que l’intérêt de la lecture va en s’amenuisant.

     

    Je note une certaine fainéantise à lire.

     

    Je me situe à contre courant des tendances qui voudraient que soit remplacée l’expression écrite par la lecture optique de ce que nous avons à dire …. terrible mal entendu !

     

    Le poids des mots et le choc des photos ne font plus recette et ont été remplacés par l’affreuse et dégradante vidéo-télé-réalité….tout est pré-mâché, pré-digéré, il ne vous reste plus qu’à avaler….. c’est du binge-drinking sous forme de coït littéraire…..autres temps, autres mœurs, autres lecteurs.

     

    Que restera-t-il de nos écrits ?

     

    « Les paroles s’envolent, les écrits restent »  où comme le disait « Titus » Verba volant, scripta manent..(devant un sénat romain éberlué ).

     

    Mon manque de savoir m’a conduit à effectuer des recherches… Ce proverbe suggère une plus grande prudence dans la formulation d’un texte, choix des paroles… À toutes choses malheur est bon.

     

    Faut-il peaufiner les textes non pas dans le fond mais dans la forme, faut-il les rendre buvables et acceptables pour tous les yeux, s’il faut aseptiser nos écrits le risque de les rendre insipides deviendra « tendance »…tous sous le même joug, dans le même moule, formatée et pasteurisé…si cela avait été, nous n’aurions pu nous rencontrer….quel dommage.

     

    A ce sujet, j’ai fait des expériences, j’en conclue que lorsque vous avez quelques chose à dire et que vous manifester l’envie de le faire connaître sur la place publique, il y a beaucoup d’appelés et pas beaucoup d’élus, en quelque sorte un prêche dans le désert… surtout quand on ne vous a rien demandé.

     

    A la question : « pourquoi vous donnez-vous des coups de marteau sur les doigts », je répondrais, si cela avait été d’actualité : « et bien, j’ai constaté que chaque fois que je cessais de donner les coups…cela me faisait beaucoup de bien »…Étonnant…non ?

     

    Cette pensée vous semble débile ?….

     

    A bien y réfléchir, l’exercice auquel les auteurs se prêtent (et même se vendent… que ne ferions-nous pas pour être aimé…) se fait dans la douleur et les difficultés rencontrées pour être reconnu sont bien réelles. La chiourme a pourtant une file d’attente. Les rameurs se pressent au portillons, indifférents aux peines des anciens qui rament depuis si longtemps pour qu’un éditeur les délivre et leur accorde une remise de peine.

     

    Debout sur le pont supérieur, sous les projecteurs, ils auront droit à la lumière aveuglante de la reconnaissance, en attendant une place au soleil.

     

    Les autres galériens, conscients de la situation, persévèrent. Ils continuent à se donner des coups à l’âme….pourquoi ? Parce que cela leur fait du bien de souffrir ….alors peut on dire : «  perseverare autem diabolicum » .

    « Diabolicum » est un adjectif neutre qui devient ’’ Homme ’’ sous la forme diabolicus.

     

    Pour ne pas être en reste, parité oblige,’’ la Femme ’’ se fait Diabolica…..et c’est la réalité !

     

    Dans cet univers impitoyable « DALLAS et son Southfork » se transforme en «Petite Maison dans la prairie » l’Éternel Féminin se taillant la plus grande part des publications. Elles « poétisent à fond la caisse »…sauf dans les très sérieuses maisons d’Édition.

     

    ’’Monsieur écrire un roman, c’est du sérieux !’’…..quelle erreur, mais Venia dignus est humanus error littéralement : « Chaque erreur humaine mérite le pardon »…

     

    Et comme je suis une erreur littéraire, me pardonnerez-vous ?

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  • Je t’achète ta fille....Combien ?

     

    Tout comme la bicyclette qui ne s'oublie pas.....les années passées dans la communauté des Gens du Voyage me colle aux basques.

    Les souvenirs remontent régulièrement à la surface lors des rencontres fortuites, j'ai beau tourner la tête du coté opposé, peine perdue..il y a toujours un coin qui me rappelle..(empruntée à Eddy Mitchell pour les puristes ).

    C'est ainsi que venu du fond des ages, un vieil homme Tzigane a croisé la semaine passé mon chemin....Hasard...clin d’œil du destin...

    Il était de tradition d'assister au pèlerinage des Saintes Maries de la Mer (13) qui se déroule durant le mois de Mai.

    Le grand-oncle de mon épouse était le personnage principal de cette manifestation.

    Considéré par tous comme étant le roi des Gitans, il jouissait d'un certain prestige au prés de autorités religieuses, préfectorales et médicales. En effet guérisseur de renom, il était sollicité à longueur d'année pour soulager les maux divers et variés.

    Sa fréquentation a été pour moi une formidable source d'enseignement.


    Lors d'un pèlerinage il nous a été proposé de vendre et d'acheter notre fille Sarah, âgée alors de trois ans. Notre enfant portait pour l'occasion une robe rouge à volants qu'elle savait faire virevolter avec toute la grâce d'une enfant de cet age, sachant que tout le monde la regardait. La coquine savait y faire et, moyennant une pièce de monnaie, effectuait une danse improvisée aux terrasses des cafés. De nombreuses photos ont été prises et des cartes postales tirées l'année suivante.


    Un matin, en compagnie de mon beau-père et d'un des grands-oncles de mon épouse, nous nous rendions dans l'arrière bar d'un des plus célèbres restaurant de la place pour assister à un rituel typique provoqué par ces rencontres. Il s'agit de l'échange de toute une année de rapine contre du cash. Mais je vais avoir l’occasion de revenir sur cet épisode symptomatique des échanges entre gens du voyage.

    Sur le trottoir nous avons croisé une troupe d'une dizaine de femmes des pays de l'est, tziganes hongroises reconnaissables à leur tenue bariolée. Elles tenaient le haut du pavé, parlant fort, molestant gentiment les gadgés qui refusaient se laisser tirer les lignes de la main. Ce sport national représente une des principales ressources financières. Quand elles sont à pied d'œuvre, le mari surveille du coin de l'œil « son ouvrière » en plein travail alors qu'il est installé confortablement dans un bar. 

    Dame... on ne peut pas être au four et au moulin !

    De temps en temps, il reçoit des mains de sa gagneuse l'ar­gent ainsi collecté. Suivant l'age, il peut s'agir du grand frère, du père et pourquoi pas d'un souteneur. 

    Per­sonnellement, j'ai connu cette situation. Je puis vous préciser que si «la machine à lovés» ne ramène pas assez ou si elle est surprise à dissimuler sa comptée, des coups pleuvent s'abattant sur la pauvre fille. Dure est le rôle de la femme.

    Cette année lors de notre présence à ce pèlerinage, j'ai fourni les médailles  porte bonheur fabriquées à AMBERT 63) . En effet au cours de l'hiver précédent, j'avais fait la connaissance d'un voyageur qui se rendait dans la ville du Puy-en-Velay pour y négocier l'achat de grosses quantités de napperons en dentelles. Le deal portait sur deux à trois mille pièces servant à alimenter le marché et les circuits de vente à domicile.

    Au cours de la visite de la ville, il m'indiqua un petit atelier qui frappait des médailles et notamment celle de la Vierge. A mon retour il me fut facile de passer commande de 5 kilo de ces fameuses médailles miracu­leuses que je revendais aux femmes. Les livraisons étant effectuées en Poste Restante.

    Je n'étais pas un inconnu pour les diseuses de ''bonne aventure '' qui me portaient un certain respect compte tenu de mes attaches familiales.


    La plus âgée s'approcha de mon épouse qui reçut beaucoup de compliments sur notre fille Sarah.
    La proposition d'acheter cette enfant nous amusa dans un premier temps. Devant le peu d'intérêt que susci­tait sa proposition, la femme argumenta et levant ses jupons (au nombre de sept)  elle dénoua une ceinture de cuir renfermant bon nombre de pièces d'or et d'argent.

    Plusieurs de ces pièces furent mises de force dans la main de Cathy. 

    Les autres femmes formèrent un cercle autour de nous visant à nous séparer les uns des autres. Par le fait, je me trouvais éloigné de ma femme, n'entendant et ne voyant plus le stade de la transaction, je n'avais plus le contrôle de la situation.
    Le grand-oncle de Cathy intervint durement pour rendre les «galbies»à la phurie dai» ( les pièces d'or à la Vieille mère) et disperser l'attroupement.

    En définitive, le marché portait sur la promesse de vente de l'enfant à un jeune garçon de la communauté.

    Réguliè­rement une visite serait effectuée pour contrôler si l'enfant était toujours vivante et disponible, puis avec l'age, si la jeune fille était toujours vierge.

    arrivé à l'âge de la puberté, un mariage aurait été autorisé avec le paiement du solde du prix d'achat.

    Cet épisode nous a refroidi et nous sommes restés sur nos gardes car les enlèvements étaient monnaie courante.


    C'est une tradition encore présente de nos jours que d'enlever sa promise.


    Le grand-père de ma femme avait fait le déplacement de Tarbes jusqu'en Bavière pour enlever sa femme. Ce « hold-up marital » s'est effectué en caravane tirée par des chevaux. Combien de temps a duré le trajet ? Pour ma part, j'ai enlevé ma femme sous le nez de son père car il refusait notre union. J'ai rencontré Cathy âgée de dix-huit ans. Je n'étais pas Gitan.
    Notre fils a procédé de la même façon en enlevant sa jeune promise âgée de seize ans.
    Pierre avait dix-neuf ans, perpétuant ainsi cette tradition. Quatre enfants sont nés de leur mariage.

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