• Le vent d'Est (suite)

    J'avais été prévenu, ce milieu est très fermé. Essayer de le pénétrer c'était mission impossible, se faire accepter c'était mission suicide....à croire que la Palinka c'était transformée en Saké et moi en Kamikaze !

    Martin Luther, le bon pasteur s'était gouré, il venait de prononcé « I have a dream mare »

    « j'ai fait un cauchemar et non plus un rêve ».

     

    Tout se déroula au ralenti...du coin de l’œil je saisissais l'attitude de notre contact. Par prudence ou par méfiance, il était assis à une table voisine, nous correspondions par gestes discrets, il se contentait de dévisager les nouveaux arrivants qui franchissaient les portes de « cette cuisine des enfers » pensant pouvoir reconnaître l'homme avec lequel j'avais rendez-vous pour traiter mes affaires.

    Je l'avais choisi car faisant partie d'une des plus grande famille de tziganes KALDERASH, il connaissait parfaitement les us et coutumes, les pièges et les « choses à ne pas dire »  chez les ferrailleurs locaux.

     

    Cette caste, était spécialisée dans le commerce de la ferraille, des autos et le traitement des métaux. J'avais « tourné » quelques temps avec des gens qui pratiquaient l'étamage des plats et ustensiles de cuisine ainsi que le chromage d'objets.

    On retrouvait le rôle et le rang des castes des Indes, pays d'origines lointaines des tziganes.

     Le haut du corps penché sur la table, arc bouté prêt à bondir, il avait glissé sa main droite dans la ceinture à l’arrière du pantalon.

    Je devinais aisément la crosse d'un pistolet qui dans les secondes qui arrivaient, transformerait ces lieux en « règlement de compte à O.K je râle »....

     La taulière cherchait ''quelque chose '' sous son comptoir,une arme peut être, deux clients qui jusqu'à cet instant sirotaient leur jus d'espoir, se levèrent prestement pour porter aide et assistance à une éventuelle confrontation entre « des pays » et nous, les étrangers...pas besoin d'être Jeremy pour deviner le sort qui nous était promis.....dans leurs mains se dessinaient les formes de serpettes...les fameuses serpettes de vannier, terriblement mortelles car, la pointe une fois enfoncée dans la chaire de la victime, l'outil est remonté de ''bas en haut''.

     Les blessures occasionnées sont graves voir mortelles. Aiguisées et tranchantes comme des rasoirs, elles servent à couper l'osier pour la confection des paniers. Bien manipulées,elles coupent les cotes d'un malheureux.

    J'ai pu constater souvent les dégâts occasionnés lors des différents entre familles.

     J'avais la trouille, je ne maîtrisais pas la situation et en une seconde je « cauchemardais » sur le déroulement des minutes et heures à venir.

    La police locale n'aimait pas les tziganes...ni les français.

     

    Mais les Dieux de la route en avaient décidé autrement....Notre heure n'était pas venue.

     Mon interlocuteur, les bras écartés, retenant ses deux comparses laissa échapper de sa bouche bée :  « Baro devel...rachaÏ....altré chavé »...

     .Bon il faut que je vous traduise... : Grand Dieu..c'est le curé (l’aumônier, le prêtre)...Arrêtez mes frères ».....

    Stupéfaction...Enfer et dame nation....suis-je éveillé ou dors-je ?

     

    En France, je voyageais dans le Sud en compagnie de familles Tziganes, rroms et en provenance de Hongrie. L'air d'Auvergne était devenu malsain pour moi et ma famille....les quelques kilomètres qui nous séparaient m'avaient accordé un repos salutaire.

    Au milieu de cette population, je passais inaperçu pour les autorités. Je faisais partie de ce monde parallèle, baragouinant ''un à peu prés'''de leur langue , respectant leurs us et coutumes et menant à bien mes affaires sur la méthode ancestrale de : être un Loup parmi des hommes...ou si tu te fais mouton je me ferais Lion.

     

    A cette époque pour des raisons qu'il me serait bien trop long à vous expliquer, je rendais « des services »  aux Gens du Voyage. Les plus reconnaissant voyaient en moi une « prince de la cour des miracles «  un grand coesre » au grand cœur et d'autres plus affûtés un ''rachai¨ ou un homme d'église.....J'aimais bien cette dernière supercherie et je jouais volontiers de ce quiproquo.

     Voila donc un pieux mensonge qui venait de nous sauver la vie...quand vous croirez que les voies du Seigneur sont parfois impénétrables et que le hasard est le nom que Dieu emprunte pour voyager incognito.....vous conviendrez de la véracité de ce texte......

     A SUIVRE

    « Madame et ce cochon de MonsieurLe vent d'Est (suite ) »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    1
    Lundi 20 Novembre 2017 à 10:55

    Bonjour

    merci de ces recits de l'Est,

    il y a toujours et y aura toujours mefiance de l'etranger, et ce partout dans le monde,

    on ne connait pas donc on inspecte, observe on prefere avoir de la distance avant de donner la confiance

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Lundi 20 Novembre 2017 à 11:33

    Curé ou pas, moi j'aime pas les armes, j'aime pas les gens tellement fiers qu'il sont toujours prêts à la violence, j'aime pas les castes, j'aime pas les différences qu'on se crée pour se gâcher la vie... pour moi la vie c'est avant tout être peinard, sans nationalités, sans frontières... bref, ça n'existe pas !

    Bonne journée

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter