• Le révérend Loup....

    A cette époque je fréquentais de bizarres gens, guérisseurs, Chaman, druides, sourciers. Avec le recul, j'ai compris que ces passages constituaient une initiation.

    Un matin, je me suis réveillé - révérend - c’était mieux que d'être le père DUPANLOUP.

     

     

     



     je me retrouvais par un gris matin de pluie froide sur le quai d’une gare sortie de mon imagination, maudissant plus que chantant'' singing in the rain''.

    Je regardais partir un autre train dont je ne voulais pas partager les lendemains.

    Accoudé au zinc d’un bar de la périphérie d’une cité Arverne qui en son temps avait botté le cul de l’envahisseur romain, j’étais tranquille, sans appréhension aucune car je savais par instinct qu'une correspondance allait m' être proposée.

    J'étais coutumier du fait, chaque fois que dans ma vie s'achevait « un moment de vie » j'éprouvais cette curieuse sensation d'être happé par un événement dans lequel j'allais vivre d'autres sensations.….Oui mais à quelle allure : omnibus, rapide, et sur quelle voie : Orient-Express ou voie de garage.

    Une fois encore le choix m’avait été présenté : « tu feras ce que je te dirais de faire » me susurra une petite voie perfide. Ambiance !

    Dans le rade, tout comme moi, glandait une dizaine de consommateurs. Ils noyaient les heures interminables les séparant du saut du lit aux sautes d’humeur de leurs bobonnes forcées d’attendre « en vin » le retour de leurs coqs.

    Détournant le regard que je portais sur cette situation je cherchais quel lien allait me rattacher à ma prochaine aventure.

    Je découvris un exemplaire d’un ''gratuit '' dont la page des annonces frétillait sous mes yeux comme une jolie truite fario en mal de poêle à frire.

    Elle semblait me dire « suivez-moi jeune homme de bonne famille dont les parents sont morts au bagne »..Et in petto je lui répondais « partout on tu iras tes potes iront ».

    L’annonce disait : '' école privée, recrute candidats pour découverte de la communication en entreprise''.

    Un numéro de contact figurait au bas de cette page.

    Rapidement confronté à un jury qui avait tout intérêt à remplir les bancs de son ''école de formation aux métiers de la communication''( sans quoi les subventions étaient perdues) je fus accepté dans les rangs de cette supercherie d’école .

    Le stage devait se poursuivre sur 6 mois et je vous passerai les détails de cette  déformation pour ne vous rapporter que le sujet principal.

    Je n'ai jamais compris sur quels critères j'avais été accepté dans ce stage....un ''ami'' m'avait prévenu '' le Loup...tu vas être étonné de la suite des événements..ta vie sera un long fleuve tranquille...en période de crue !'

    Nous étions trente élèves, hommes et femmes, certains en rupture de bans, largués par la vie, en panne de repères familiaux, délaissés par leur conjoint, fatigué de trop longues journées à ne rien faire, titulaire d' un abonnement longue durée à Pôle Emploi....enfin nous avions tous des profils du parfait formateur en communication …du désespoir.

    Il nous avait été promis un retour à nos droits des ASSEDIC de l’époque, sauf pour moi qui n’avait le droit à rien et qui soulevait bien des interrogations de la part de mes petits camarades  et du staff.

    Très vite des groupes par affinités se sont constitués, j’avais une grande gueule, je sortais d'une aventure de ''camelot et vendeur à la sauvette '' sur les marchés.

    Comme je portais un costard gris foncé et chemise blanche, m’exprimant avec aisance, faisant souvent  référence  aux passages de la bible, un des élèves a fait courir le bruit que j’étais un '' Clésiastique en rupture de robe ''… il se prénommait  Ahmed.

    Quand il m’interpellait il criait « Eh ! Clésiastique ! ».Incroyable mais vrai,

    Souvent nous nous rassemblions au domicile de l’une ou de l’autre, des amitiés se formèrent, des couples se déformèrent, nous n’étions pas dupes, le sursis touchait à sa fin, bientôt il nous faudrait retourner à nos bancs de galériens...Mais les statistiques auraient étaient amputées de 30 chômeurs et à cette époque ce n’était pas rien.

    Cela ne vous rappelle rien… la vie et la politique sont un éternel recommencement….les baisés comptez vous car le gouvernement compte sur vous !

    A une des agapes,  Ahmed, musulman pratiquant, très en verve, était accompagné d’un prêtre ouvrier.

    Cet homme d'église militait pour que les sans abris et les sans emplois puissent avoir une vie digne.

    Il fournissait à notre hôte et à des « étrangers » des nourritures autres que spirituelles



    Ce nigaud, devant la dizaine de pèlerins attablé à déguster la  charcuterie et le fromage du Secours Catholique,  me présenta comme étant '' le révérend '' qui dispensait des '' conseils'' de vie ( ?) à la fameuse « école de l’impossible retour à l’emploi ».

    Trop heureux de la bévue et de la partie qui allait se jouer, les autres allèrent dans le sens d’Ahmed.

    Cela ressemblait à des blagues de potaches et il n'y avait aucune malice de notre part.

    Je fus donc placé au coté de  l’ecclésiastique officiel  et la supercherie fonctionna  si bien que du « mon révérend » me fut servi tout au long du repas par « mon Père ».

    Les nourritures terrestres eurent vite fait de prendre l’ascendant sur celles venant en principe de l’esprit.

    Et que dire du sang du Christ, nos incursions dans les vignes du seigneur furent fréquentes.

     Quelles pensées fussent-elles charismatiques, résisteraient à l’odeur de sainteté d’un saucisson d’Auvergne, quelle pensée distillée par une intelligence fertile pourrait rivaliser avec une andouille de Guéméné ?....Quant au vin de messe, n’en parlons pas, il y eut de nombreux baptêmes de bouteilles accompagnés par des chants religieusement interprétés par une bande de moinillons confondant les Matines  avec dame Tartine, les vignes du Seigneur ont été intarissables à tous les sens du terme.

    Je fus mis à contribution pour L’homélie et le bénédicité, sans blasphème, sans moquerie ni paroles déplacées, l’inspiration m’est venue tout naturellement, sachant trouver pour chacun des participants des paroles réconfortantes…J’en fus le premier surpris et lorsque le prêtre s’adressa aux apôtres qui suivirent ce banquet, c’est dans des termes de cordialité et de fraternité qu’il me remercia.

     Délaissant le monde de la communication en entreprise, je me laissé aller au péché de la gourmandise... je me suis régalé lorsque ce brave prêtre m'invitait en ''guest star'' à des soirées de causeries. Je prenais mon rôle de plus en plus au sérieux.

    Un week-end, je proposais de faire se produire quelques chanteurs tziganes et deux danseuses de flamenco.... avec une injonction très précise....ces artistes  «  ne devaient en aucun cas me reconnaître et ne prétendaient à aucun cachet pour leurs contributions ! »

    Les caisses du curé furent remplies comme par miracle...les voies du seigneur étaient, en ce temps là, impayables !...une sorte de remake de la multiplication des pains.

    « Le jeu du plaire à l’ingénue quand à la fontaine souvent…..(Georges BRASSENS)…j’ai poursuivi cette divine imposture sans abuser des âmes pécheresses que je rencontrais et reconnais que du plaisir j’en ai pris en constatant qu’une petite lueur d’espoir naissait aux fond des cœurs et des yeux des personnes que je rencontrais…que Dieu me pardonne mais la route en sa compagnie fut bonne.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Septembre 2017 à 09:26

    Ce qui prouve que ce que les gens croient est plus important que la réalité vraie ! 

    Je me souviens de la réponse d'un curé auquel j'avais demandé ce qui nous prouvait l'existence de Dieu: "il faut avoir la Foi mon fils"...

    Inutile de préciser que ça ne m'avait pas convaincu, d'autant plus que ce n'était pas mon père !

    Bonne journée

      • Lundi 11 Septembre 2017 à 04:29

        AMEN !

    2
    Vendredi 8 Septembre 2017 à 11:18

    A chacun ces croyances mais c'est vrai qu'entre Dieu et tout ces,je dirais religions,y'a beaucoup de tralala,et pourtant toute religion a un message a faire passer

    bonne journée

      • Vendredi 8 Septembre 2017 à 20:41

        Alors il faut le crier haut et fort...j'ai un message !...il n' y a pas pire qu'un sourd qui ne veut pas entendre.

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    3
    Vendredi 8 Septembre 2017 à 15:39

    TRès drôle, je te vois  bien en curé, hihihi Comme quoi il suffit de bien parler  et on te colle une étiquette.

      • Vendredi 8 Septembre 2017 à 17:36

        Les étiquettes sont redoutables, les classifications aussi.....je te ferais remarquer que tu es la seule à trouver de l’humour dans ce texte...."".TU AS TOUT COMPRIS""

    4
    Vendredi 8 Septembre 2017 à 18:30

    happy...............Errare humanum est, .......................sed perseverare diabolicum est......Mon révérend.....happy cry

      • Vendredi 8 Septembre 2017 à 20:39

        Je t'absout de tous tes pêchers...mais conserve les pommiers car il ne faut pas renoncer au diable ni à ses pompes...(pompes aux pommes bien sur !)

        Je te prépare une nouvelle qui devrait te plaire!

        Amen !

      • Vendredi 8 Septembre 2017 à 21:27

        Encore une histoire de branches et de racines....de pêchers.....

        Se glorifier de ses ancêtres c'est chercher dans les racines des fruits que l'on devrait trouver  dans les branches..............et toc......

      • Samedi 9 Septembre 2017 à 02:04

        ..crac...sacrée vieille branche tu m'a scié en deux !

    5
    Vendredi 15 Septembre 2017 à 11:06

    Bonjour

    etonnant comme quoi l'habit ne fait pas le moine,

    ce sont les paroles qui fusent et qui font foi

     

    Mon Pere

    je vous absous de tous ces péchés

    Amen

     

      • Vendredi 15 Septembre 2017 à 13:40

        J'aime votre ouverture d'esprit et votre humour...elles vont de ""père"'".. (lol)

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