• Fort de café

     

    Il s’appelait Savé, d’origine inconnue, peut être Hongrois, il parlait plusieurs langues mais s’exprimait avec le langage du cœur.

    Évadé du camp de RIVESALTES -66-il était un miraculé de la barbarie des  nazis. Certains soirs, lorsque le vent s’engouffrait dans sa mémoire, il nous racontait tout ce qu’il avait enduré durant son  internement dans les camps de la mort et sa rocambolesque évasion.

    Alors, il faisait appel à sa fidèle compagne la « brûlante » ou rachidi .

    C’était une bouteille en verre de 100 centilitres qui lui tenait compagnie jusqu’au bord du lit et lui donnait le courage de chanter :

    Vor der Kaserne, Vor dem großen, Tor Stand eine Laterne, Und steht sie noch davor, So woll'n wir uns da wieder seh'n, Bei der Laterne wollen wir steh'n
    Wie einst Lili Marleen.

    Puis s’échappaient de sa gorge quelques paroles d’airs traditionnels Tziganes qui souvent se terminaient par des sanglots.

    Nous avons été du Voyage avec cet homme et c’est au pèlerinage des Sainte Maries de la Mer que j’ai pris cette photographie.

    Ce soir, je vais vous donner des recettes de « bon manger » en vous racontant comment Savé nous faisait préparer le thé par sa femme. Lui,  l’Homme ne pouvait pas décemment nous le préparer devant les autres membres de la famille, ces pratiques n’ont pas cours chez les hommes du voyage !

    Il  y avait un Samovar fonctionnant à la braise de bois qui tenait l’eau bouillante. A part, les femmes préparaient dans une grosse théière du thé en feuilles, de couleur noir, très fort.

    J’ai retrouvé cette amertume dans le « gun powder » que j’ai partagé avec des Tinkers venus d’Irlande.

    Chacun des convives se servaient un peu de cet extrait de thé et allongeaient la boisson ave l’eau bouillante qui coulait du Samovar, à l’aide d’un petit robinet.

    Nous prenions un morceau de sucre que nous placions dans la bouche et en aspirant des goulées bruyantes entre les dents, nous avalions des lampées de thé amer.

    Certains soirs, des morceaux de fruits étaient ajoutés dans les tasses mais je dois reconnaitre que le plus souvent l’alcool rivalisait en partie égale avec ce thé.

    Il ya quelques mois j’ai eu le bonheur de boire le « TCHAIO » ou thé des Rroms.

    Dans une grosse tasse, ils mettaient  un  sachet de thé noir le plus fort possible,  du sucre vanillé, du sucre normal (il vaut mieux en prévoir une grande quantité !)  Un peu de cannelle en poudre ou en bâton roulé puis une ou des rondelles de citron .De l’eau très chaude était versée et rajoutée au fur et à mesure de la consommation.

    Mais le plus terrible était non pas la confection du café...mais son absorption….

    Les femmes qui voyageaient avec Nous et Savé se servaient de grains de café qu’elles broyaient ou de café déjà moulu qu’elles trouvaient dans le commerce.

    Une cafetière en tôle était placée directement sur la braise d’un feu de bois puis remplie d’eau. Quatre à cinq cuillérées  à soupe de sucre étaient versées dans le récipient

    Elles prélevaient dans un bol un peu d ‘eau chaude sui servaient à diluer le café en poudre.

    Quand l’eau se mettait à chanter elles versaient sois les grains concassés soit la préparation à base de poudre, tout en remuant le mélange et en le laissant presque bouillir.

    J’ai goutté cette façon de préparer le café mais le lait avait remplacé  l’eau.
    J’en ai encore les frissons qui parcourent mon échine !

    « S'il te plait...Je suis malade, complètement malaaade »
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  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Février 2016 à 09:06

    Nous connaissons les mêmes  recettes, tu fais écho à ma note : http://bleugitane.canalblog.com/archives/2016/02/03/33313358.html#comments

    sauf que moi ce thé très fort je ne pouvais pas le boire, je l'allongeais beaucoup, beaucoup !

    Bonne journée !

    Débla

     

      • Lundi 15 Février 2016 à 12:15

        Latcho dives, bart tu ké,

        Je viens de consulter ton blog et tu as beaucoup de choses à m'apprendre. Je ne savais pas que l'on pouvait mettre des fruits frais dans le thé et j’apprécie la polenta sucrée....pas plus tard que vendredi passé ( par contre je ne connaissais pas non plus le fait de mettre des fruits etc...)

        Comme quoi il y a du bon chez tout le monde !

        Amitiés

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    2
    Lundi 15 Février 2016 à 19:12

    Bonsoir Loupzen,

    J'aurais dû lire ce texte plus tôt et expérimenter le Tchaio. Peut-être ma grippe serait-elle partie plus vite wink2.

    Ça a l'air drôlement bon et puis, de la cannelle et du citron, c'est excellent pour la santé !

    Très joli texte qui se lit avec le coeur.

    Bonne soirée.

    Amitiés,

    Sérénita

    3
    Jeudi 18 Février 2016 à 07:14

    Une belle découverte au combien poétique, ce fut un plaisir de te lire.

    bonne journée

    bisous

    marie

    4
    Dimanche 21 Février 2016 à 03:24

    J'ai passé beaucoup de temps autrefois... à écouter les chants et la guitare des Gens du voyage qui faisait halte au bord de l'Allier sur une place publique aujourd’hui transformée en route...

    Tout cela est bien loin !... Des souvenirs en lisant cet article !

    Michel

     

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